Huyana Potosi : Man vs Wild !

Pour les photos c’est par ici

Jour 1 : 19/01/15

J’arrive à l’agence à 9h30 pétante comme convenu. Et là, première surprise plutôt désagréable. Je suis seul à partir alors que l’agence m’avait assuré que l’on serait 4 (moi un autrichien et un couple de français). Ça commence bien pour mon moral. Je rencontre mon guide au même moment  qui a une tête qui ne me revient pas du tout. Le genre de mauvais bolivien je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas. Après leur avoir bien fait comprendre mon mécontentement d’être seul on part en me promettant qu’au refuge je serais avec des gens.

Arrivé au premier refuge à 4750m, je rencontre un allemand et un irlandais qui ont un jour d’avance sur moi et qui partent pour le 2ème refuge. Par chance, je rencontre Myriam une australienne qui va faire tout le périple avec moi. Je dis par chance car si elle n’avait pas été là j’aurais tout fait seul et là je pense que je me serai senti vraiment mal. Même si je n’ai pas eu un feeling extra avec elle, elle m’a permis de pouvoir partager cette expérience avec quelqu’un, de me sentir plus en sécurité et surtout de commencer à me sentir mieux moralement. Après un déjeuner plutôt basique on part pour notre première épreuve. On doit monter jusqu’à un glacier a 4900 mètres pour apprendre à manier piolet, crampons harnais et corde. La marche dure 2H, sans grosse difficulté. Cette première après-midi est plutôt amusante car malgré la neige qui commence à tomber on apprend à se servir du piolet et des différentes techniques de montées ( en zigzag, tout droit et en escalade).

DSCN7990      DSCN7992

On revient tranquillement vers 16h au refuge ou maté de coca et gâteau nous attendent suivi une heure après du dîner…. On passe notre soirée à jouer au carte, à essayer de sécher nos affaires trempées et de se réchauffer auprès de la seul source de chaleur qu’il y a. La nouvelle surprise est que mon guide s’en va au retour du glacier prétextant une réunion entre guide de montagne…Mon a priori sur lui ne fait que se confirmer et je me sens de moins en moins en confiance avec lui. On part se coucher vers 21h ou le mal d’altitude commence à arriver…Mal de tête , nausée, impossible à s’endormir … Après un doliprane et deux heures de roulée boulet dans mon lit ( ou plutôt sur le matelas de 2 cm qui était posé sur un grillage…) je m’endors à 5 °C . Je vois les plaisirs de la haute montagne, le froid, les affaires qui ne sèchent pas et  l’eau que je bois me glace la gorge à chaque gorgée. Evidemment pas de douche dans le refuge, et les toilettes sont plutôt….basiques… Mais  je savais que pendant trois jours le confort serait mis de côté. L’important reste de m’acclimater.

2 ème jour : 20/01/2015

Réveil à 8h pour le petit déjeuner. On essaie de se réchauffer tant bien que mal jusqu’à notre censé départ à midi. Malheureusement le temps en a décidé autrement. Une tempête de neige qui a commencé dans la nuit ne veut pas s’arrêter. Les guides ne sont pas enclin à partir car dans le 2 ème refuge à 5200m il n’y a rien pour sécher nos affaires qui seront mouillées et le mercure descend en dessous de 0°C dans le refuge. Le problème est que je n’arrive pas à voir si mon guide nous dit ça pour notre sécurité et confort ou parce qu’il n’a tout simplement pas envie de sortir à cause du temps car je sentais bien que la neige l’arrangeait…Après attente jusqu’à 15h on parle des solutions possibles. Je demande si ils peuvent nous rembourser si on ne peut monter à cause du temps et ils nous disent non…Du coup avec Myriam on décide de monter coute que coute quel que soit les conditions… Et c’est là ou je commence à être énervé contre l’agence. Car je savais pertinemment que c’était la saison des pluies et que l’ascension était compromise à cette période de l’année et j’avais pris le soin de voir au moins 5 agences différentes pour leur demander si l’ascension se faisait malgré la saison et le temps. Toutes m’ont répondues que tous les jours des gens allait jusqu’au sommet. Par contre arrivée au refuge et une fois qu’on a tout payé on apprend que ça fait 10 jours que personne n’a pu accéder au sommet car trop dangereux à cause des conditions…Bienvenue au plus gros problème des latinos…Le mensonge pour soutirer de l’argent…

Bref on s’équipe et pars vers 15h30, par chance après 10 minutes de marche, la neige se calme et par miracle le soleil fait son apparition ce qui nous redonne le sourire à moi et Myriam car les paysages deviennent magnifiques…

DSCN8008       DSCN8026

La seule chose difficile est le poids du sac. On monte de 4750 à 5130m mais avec un sac de 10kg (crampons harnais, change, bouffe, eau etc…) sur le dos ce n’est pas le même effort qu’à vide. Mon sac de 60 litres que je trimballe sur moi depuis 6 mois n’a jamais été aussi plein que pendant cette marche en haute montagne. Autre imprévu lors de  ma montée….UN CHIEN ! A part l’odeur immonde qu’il dégage et ces poils qui sont devenu des plaque de glace j’ai appris que ce chien suit tous les jours les groupes de touriste jusqu’au sommet et qu’une fois il est resté bloqué sur le sommet pendant 5 jours sans redescendre donc sans eau et sans bouffe et il a survécu….Bref ce fameux chien après avoir été mon fidèle compagnon de montée a commencé à devenir une plaie. Il s’amusait à se coucher devant moi à chaque pas que je faisais. Malgré mes secousses pour le bouger, rien à faire. Du coup je devais le contourner en passant sur la neige qui n’était pas damée (en m’enfonçant bien du coup) et à chaque fois que je le doublait, il se mettait à avancer jusqu’à ce que 5 mètres plus loin la situation se reproduise. Mon guide a trouvé les moyens de le dégager gentiment ce qui m’a permis de finir la montée plus facilement.

DSCN8007       DSCN8050

On arrive vers 18h au refuge ou l’on rencontre deux norvégiens qui avaient prévu le trek sur 2 jours. Je les vois frigorifiés…ce qui n’est pas encore mon cas car après l’effort je crevais encore de chaud…Mais 2h plus tard ce n’était pas la même histoire. Par chance on n’était pas mouillé mais seul le maté de coca pouvait nous réchauffer… On dine vers 19h et on part se coucher vers 20h…à -5°C….

Et là évidemment impossible de fermer l’œil car on devait se lever à minuit pour commencer l’ascension final à 1h du matin pour que la neige ait gelé et qu’elle accroche bien aux crampons. Je me retourne dans le lit jusqu’à 22H et je me réveille avant que le réveil ne sonne ce qui m’a permis de dormir maximum 2h….avant d’entamer une randonnée de 6h en montée entre 5200 et 6100 mètres…Au réveil, la mauvaise nouvelle que l’on redoutait arrive…Dehors c’est tempête de neige. Les trois guides nous préviennent du danger mais nous laisse décider si on veut la tenter … Malgré le fait que je sente encore que mon guide pousse les autres à renoncer car je sentais encore sa mauvaise foi à faire son travail…On se recouche ( ou plutôt somnole…) jusqu’à 2h pour voir si la tempête s’est calmé…2h du matin étant l’heure maxi à laquelle on devait partir pour éviter que le soleil se lève.

2h : la tempête bat toujours son plein et après discussion les norvégiens veulent la tenter du coup Myriam et moi aussi. On s’est mis d’accord avec les guides de tenter l’aventure et de monter jusqu’à ce que le risque soit trop important.

On s’équipe et on décolle donc vers 2H30.  Les deux norvégiens devant,moi derrière et Myriam pour fermer la marche, tous encordé avec nos guides respectifs. A la sortie du refuge, la nuit noire, le neige glaciale et le vent fouette mon visage à -15°C et je me dis que 6h de marche dans ces conditions m’attendent …. Psychologiquement ce fut peut être le moment le plus dur sachant que  j’ai dormi seulement 2 heures… Mais je vais y aller, je veux pousser mon corps à ses limites je veux me dépasser et voir jusqu’où je peux aller. C’est peut-être la seule fois de ma vie que je peux tenter cette expérience donc je décide de foncer.

La première montée se fait tranquillement car j’arrive à suivre le rythme des norvégiens. Le plus gros problème n’est pas la neige qui fouette le visage mais plutôt l’énorme quantité de neige qui est tombé qui fait qu’à chaque pas on peut s’enfoncer jusqu’au genoux voir jusqu’aux hanches ce qui fatigue beaucoup plus. Par chance je suis en 5ème position ce qui me permet de me concentrer sur les traces déjà faites par ceux devant qui ont en partie damées la neige.

Après la première montée, arrive un faux plat ce qui me permet d’avoir un rythme un peu plus soutenu. Viens ensuite un dénivelé tellement important que l’on monte en coupant la montagne en deux pour monter sur un dénivelé correcte …Mais la conséquence est que sur ma droite le précipice est plutôt impressionnant et ayant le vertige , la peur commence à m’envahir et me fait gaspiller le peu de souffle que j’essaie de trouver à 5300mètres…Je m’efforce de regarder sur ma gauche et de ne pas faire attention aux  avalanches que je déclenche à chacun de mes pas….et je me suis dit que mon piolet et ma corde sont là pour me sauver la vie en cas de chute…..

Ce passage horrible passé on attaque un vrai mur où chaque pas est un effort surhumain à faire. Je m’arrête deux fois sur ce mur pour essayer de boire mon eau malheureusement transformée en glaçons et manger mes sucreries pour me donner des forces. Je manque de me casser les dents en les mangeant tellement tout est gelé…Après cette montée, nous sommes à 5500mètres et là je vois vraiment une énorme différence au niveau de mon souffle. Malgré mes demandes de pause au guide qui deviennent de plus en plus fréquentes (quasi toutes les deux minutes) alors qu’on arrive sur un faux plat, dès que je retrouve mon souffle à chaque pas j’ai l’impression de ne plus pouvoir respirer….Les conditions horribles n’aidant évidemment pas. Un peu plus haut on rattrape les norvégiens qui m’avaient bien distancés qui venaient de rejoindre un autre groupe. Tout le monde discute sur la possibilité de continuer. On décide ensemble de continuer encore mais que le danger maintenant était les crevasses car la neige pouvait en cacher. Et en plus du risque de chute dans les crevasses on apprend que le fond des crevasses étaient faites de pic de glaces qui pouvait nous « chatouillé » le dos en cas de chute…Là je dis à mon guide que si c’est trop dangereux je suis prêt à redescendre…Mais les autres avancent, du coup je suis en me disant que c’est eux qui prennent le risque car moi je me contente de marcher sur leur pas…Je vois une première crevasse sur ma gauche ou je ne vois pas le fond…La peur me reprend et me fait gaspiller encore du peu de souffle que j’ai…On arrive jusqu’à 5600 ou l’on rediscute un plus long moment (15 minutes) ou mes mains ont le temps de littéralement se geler ….Après discussion la raison a pris le dessus et les guides nous convainc de redescendre. Car les risque deviennent trop importants : tempête de neige, froid, altitude, crevasse et surtout la neige risque de recouvrir nos pas et on peut perdre notre chemin pour retourner au refuge….

Et ils avaient raison… Après 30 minutes de descente qui n’est pas des plus simples ( sur les gros dénivelés chaque pas pouvait nous faire glisser 5 mètres plus bas), on ne retrouve plus nos traces…ET là je commence à flipper car je n’ai quasiment plus n’énergie j’ai froid…et j’ai qu’un envie c’est d’être sous ma couette ou sous une douche chaude…Après discussion entre les guides ils tentent un chemin qui s’avèrent être le bon…et nous arrivons au refuge sain et sauf à 6h du matin. J’ai vécu 3h30 d’enfer pour mon corps mais d’expérience incroyable. Je me recouche jusqu’à 8 du matin avant d’entreprendre la dernier redescente avec les sacs…Et là au réveil l’enfer continue…vomissement, diahrée, mal de tête je me sens horriblement faible, je n’arrive a rien manger ni boire…L’altitude fait son effet , je ne pensais pas le vivre aussi mal mais voilà mon corps a eu du mal à supporter les 5600m et l’erreur que j’ai faite est d’avoir dormir a 5200 car si j’étais redescendu de suite un seul mal de tête aurai apparu… La redescente se fait sous le soleil, la chaleur , la fatigue mais avec un paysage magnifique due a toutes ces tempêtes de neige.

DSCN8077     DSCN8074

Bilan de l’aventure : Je suis fier d’avoir pu aller jusqu’où les guides nous ont permis d’aller sans trop de danger mais dans ces conditions-là si les guides nous l’avait permis je pense que je serais monté jusqu’à 5800 m maxi. Peut-être que sans neige, un meilleur guide et une meilleure nuit de sommeil j’aurais pu arriver au sommet mais le destin en a décidé autrement…

Catégories : Blog Bolivie | 2 Commentaires

Navigation des articles

2 réflexions sur “Huyana Potosi : Man vs Wild !

  1. Jean Claudia Iris

    Chapeau champion, tu peux être fier de toi!
    Bisous
    Jean & co

    J’aime

  2. Pingback: La Bolivie et ses secrets | BuskaVida

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.